Élevage en plein air : entre état naturel et…
L’élevage est actuellement un pôle économique important en France (et dans le monde, mais c’est une autre histoire). Les lobbies et la demande des consommateurs permettent aux différentes filières de perdurer, et parfois, dans des conditions plus que douteuses pour les animaux dont il est question. L’élevage en extérieur, au moins une partie de l’année, est alors avancé comme étant une bonne alternative aux hangars et autres étables, et est donc perçu comme étant un excellent outil de production plus éthique. Mais qu’en est-il vraiment ?
Contre l’élevage en extérieur
Nombreux sont les arguments soulevant des problématiques liées à l’élevage en extérieur. Tout dépend de l’espèce considérée, mais les arguments suivants sont les plus courants :
- En extérieur, les animaux ont plus de risques d’attraper des maladies provenant d’espèces sauvages avec lesquels ils peuvent entrer en contact
- Certains animaux, comme les cochons et les vaches, peuvent attraper des coups de soleil ou attraper froid s’ils restent en extérieur trop longtemps
- Les vaches laitières ont plus de chances de développer des problèmes aux pis que les vaches en intérieur
- En extérieur, les animaux ont plus de chances de se blesser ou de s’échapper
Il est intéressant de noter qu’il est ici question d’animaux qui ont été sélectionnés durant des centaines voire des milliers d’années afin qu’ils produisent un lait, des œufs ou une viande de meilleure qualité, au détriment de leur santé et de leur rusticité. Ces animaux sont donc, de fait, plus fragiles que les autres et plus sensibles aux aléas de la vie, eux-même exacerbés lorsque les animaux sont en extérieur. Par ailleurs, de nombreux élevages ont recours à l’utilisation préventive d’antibiotiques, dans le seul but que les animaux, déjà fragilisés par la sélection génétique et évoluant souvent en intérieur -proches les uns des autres, avec une mauvaise aération et des conditions sanitaires parfois douteuses-, tombent moins malades.
Par ailleurs, il semble que les animaux soient sensibles au soleil et au froid, tout comme nous. Ces éleveurs proposent-ils des abris artificiels et naturels à leurs animaux, suffisamment de points d’eau propre, des flaques de boue ? Les cochons attrapent certes des coups de soleil, mais ne se laissent pas griller tranquillement s’ils n’y sont pas contraints. Élever des animaux en extérieur sur un sol complètement piétiné sans aucun abris ne peut donc pas être vraiment considéré comme de l’élevage en extérieur …
Concernant les vaches laitières, il n’est sans doute pas nécessaire de les laisser dans un grand hangar toute leur vie. Une vache laitière très sélectionnée peut donner jusqu’à 100L de lait par jour ! Est-ce vraiment le pré et la boue qui lui causent des problèmes aux pis ?
Enfin, si le risque que les animaux s’échappent n’est pas nul, ce problème peut être contourné par des clôtures bien entretenues et solides. Certains agriculteurs font le tour de leurs clôtures une fois tous les dix ans, et les vaches s’échappent, au grand dam des conducteurs et des promeneurs. Et bien sûr, un animal peut se blesser dehors, mais dedans aussi, même en étant parfaitement cloitré dans un hangar.
Pour l’élevage en extérieur
D’autres vont défendre l’élevage en extérieur à tout prix. Sous prétexte qu’il s’agit d’animaux, certains n’hésitent pas à laisser leurs troupeaux dehors toute l’année, sans abris contre le froid ou la chaleur, et parfois avec un sol complètement piétiné et rasé par les animaux qui vivent dessus. Il est ici indispensable de préciser qu’une flaque de boue géante dans laquelle pataugent les animaux n’est pas non plus de « l’élevage d’extérieur », mais plutôt une marque de négligence de la part de l’éleveur, qui est parfois de bonne foi en pensant que ses animaux sont mieux en extérieur dans la boue plutôt qu’en intérieur.
Finalement, quelle méthode d’élevage privilégier pour le bien-être animal ?
Si l’on considère que l’élevage est absolument indispensable à la survie de l’humanité (c’est un sujet « touchy », nous y reviendront dans un article prochain), le mieux est donc de s’adapter aux besoin de l’espèce élevée. En effet, les cochons n’ont pas les mêmes besoins que les poules, les vaches ou les lapins. Mais une chose est sûre, l’élevage en intérieur intégral n’est pas du tout un moyen de participer au bien-être animal. Sans faire d’anthropomorphisme, on peut tout de même se douter que vivre toute sa vie dans un bâtiment sans jamais voir la lumière du jour n’a rien de réjouissant. De la même manière, l’élevage en extérieur intégral, à la limite de la négligence, n’a rien de bon non plus. Qui souhaiterais vivre toute l’année dans un pré parfois sur-pâturé, quand il ne reste pas que de la boue, sans abris contre le vent, le soleil, la pluie et le froid ?
La meilleure solution serait donc de privilégier l’élevage en extérieur avec accès à des infrastructures et des abris artificiels et naturels en cas de besoin. Un suivi régulier des animaux est évidemment nécessaire, car les laisser « pousser » seuls dans un champ, ce n’est pas de l’élevage.
Enfin, les animaux trop fragiles pour vivre en extérieur ne sont peut-être pas vraiment indispensables à l’humanité. Un animal qui n’est pas capable de vivre dehors au moins une partie de l’année fait très certainement partie d’une espèce sélectionnée par l’Homme pour sa propre consommation, et l’animal est donc de ce fait plus faible, moins résistant, moins résilient. Les animaux élevés pour leur fourrure et les vaches laitières, par exemple, auraient tout intérêt à ce que leur absolue nécessité au sein de l’économie de l’élevage soit révisée.
Et vous, que pensez-vous de l’élevage en extérieur ? Dites-nous ça en commentaire !
Camille, chargée de communication